C'était le trente et un mars mille neuf cent quatre-vingt-onze, non loin de la Belle Istanbul que la louve est née. Ses parents la nommèrent Mahidevran (ماه دوران سلطان) qui signifiait "Rose de Printemps". Voici son histoire.

Mahidevran, la tête haute, avançait sur le chemin sableux qui menait à une sorte d'autel. Le bruit des vagues frappant la roche résonnèrent dans sa tête, sonnant le glas de son désespoir. Pourtant, c'était un jour heureux pour toute la meute, les Kızıl. C'était une meute très conservatrice, très autoritaire. Les louves étaient toutes réduites au rang d’oméga même si pour certaines elles étaient mariées à un bêta ou autres. Elles n'avaient pas de pouvoir et étaient contraintes de se marier très jeune pour prospérer la lignée. C'est surement cliché mais oui, on pouvait dire que le rôle des louves Kızıl étaient de procréer et ça s'arrêtait là. Ayant de fortes croyances, c'était très important pour les Kızıl de célébrer chaque mariage. La meute entière participait aux préparatifs. Autant vous dire que les mariages cachés étaient interdits car les Kızıl prenaient cela comme un affront, un mauvais présage. Mahidevran avait seulement treize ans lorsqu'elle s'avança à contre cœur jusqu'à cet autel. Elle avait passé toute une semaine à se disputer avec ses parents pour ne pas y aller. Non, elle ne voulait pas s'enfermer encore plus profondément dans cette prison qu'était la meute. Ses chaînes étaient son mariage avec l'un de ses cousins Kahra Arkan. Ah oui... Je vous avais omis de vous dire qu'il n'était pas rare de voir des mariages consanguins, c'était même assez fréquent ici.  

Deux ans que Mahidevran et Arkan étaient mariés. Le mariage n'était encore pas consommé. Mahidevran a toujours trouvé une feinte pour échapper au supplice en présentant d'autres louves à son mari. Mais le moment tant redouté arriva, sa première expérience sexuelle fut un désastre. Elle n'était seulement pas prête, il n'y avait rien à dire de plus.

le dix huit août deux mille sept, sous un soleil de plomb, Mahidevran donna naissance à un petit louveteau prénommé Bedirhan et il n'était pas d'Arkan... Il était de cet humain que Mahidevran s'était amourachée un an auparavant. Bien qu'il appartenait à la meute, il était strictement interdit aux humains de tomber amoureux des loups garous et vice-versa. Elle avait commis un pêcher impardonnable mais Arkan n'y avait vu que du feu, persuadé que c'était le sien, il ne soupçonna personne. Pour la sécurité de l'humain, Mahidevran mit fin, le cœur déchiré, à leurs relation.

Arkan a découvert le subterfuge et entra dans une colère noire. Le contact de ses yeux globuleux remplient de rage transpercèrent ceux de Mahidevran. Elle n'avait jamais vu Arkan aussi furieux bien que la raison était justifiée. Ce jour-là fut la dispute fut violente, coup de griffes, crocs, tout y passa. Lorsqu'Arkan se calma, il n'avait pas d'autres choix que de tuer l'humain (les lois de la meute autorisaient à tuer les humains s'il y avait offense). Quant à l'enfant, il fut abandonné dans les ruelles d'Istanbul. Mahidevran fut pardonnée pour ses fautes car Arkan était un loup très apprécié et respecté des autres membres de la meute.

La belle épousée était en fuite, elle partait loin de ce cauchemar, loin de son époux. Depuis des années qu'elle rêvait de liberté, de paix. Elle savait que dès cet instant elle ne pouvait plus faire marche arrière. Durant plusieurs mois elle errait entre différents pays pour finalement s'arrêter en Corée. Elle ne connaissait personne et c'était mieux comme cela. Elle pouvait commencer une nouvelle vie. Quelques jours plus tard, elle apprit l'existence d'un conflit entre deux meutes, les iriels et les yazurs qui ressemblaient étrangement à sa meute. Elle ne veut pas s'immiscer dans leurs problèmes et tente de rester loin d'eux mais elle tient une certaine curiosité vis-à-vis d'eux.  

Aujourd'hui, Mahidevran vit une vie paisible en solitaire et n'est plus contrainte à obéir à qui que ce soit. Cependant, non loin des frontières de la Corée, une odeur qu'elle reconnaîtrait entre mille vient lui chatouiller les narines... Une odeur venue d'ailleurs... Il semblerait que la tranquillité de Mahidevran soit de courte durée. A qui est cette odeur ? Que lui veut-elle ? Est-elle en danger ? Si oui, ne serait-il pas judicieux pour elle de se lier à l'une des meutes afin de se protéger ?