Je suis né dans ce beau pays ensoleillé où mon père avait été muté. Ma mère était tombée amoureuse de l’Australie. D’où mon prénom, pour ne jamais oublier. Je n’ai jamais manqué de rien, je passais mes journées à la plage, je voyageais en première classe. J’avais une vie de rêve. A part mes parents absents à longueur de temps. Le luxe à un prix. Celui de la solitude et moi, je n’étais pas fait pour être seul. J’avais besoin de contact, d’amis, de folie. J’adorais danser, je passais des heures à me déhancher dans l’immense salon.

J’avais quinze ans que je suis arrivé en Corée. Adieu l’Australie. Je n’avais pas de problème pour communiquer, j’étais devenu bilingue. Mais ce choc des cultures m’avait beaucoup déboussolé. C’était le pays de mes origines mais je ne m’y sentais pas bien. Mes amis mes manquait, ma vie me manquait. Alors oui j’avais toujours une énorme maison et même une voiture qui m’attendait. Je n’avais pas l’âge de conduire mais mon père me l’avait acheté pour me féliciter de mes bons bulletins scolaires. Même l’école me paraissait bizarre et les gens trop coincés. Mon père me payait des cours de danse pour m’aider à m’adapter, c’était la seule chose qui m’interessait. Et puis il y avait cette histoire de loup, la seule chose intéressante de cette ville. C’était étonnant et intriguant.  

Je m’étais fait de nouveaux amis et je passais mon temps à sortir, à faire la fête, à danser en boite de nuit. J’avais toujours ce besoin d’être entouré et puis à dix-sept ans je ne pensais qu’à m’amuser. J’avais obtenu mon diplôme, et je pouvais me lancer dans les études que je voulais. Et ce que je voulais c’était danser, danser, danser. Avec mon niveau je pouvais intégrer quelques écoles aux Etats Unis et j’attendais les résultats. C’était pour me déstresser que nous étions allés dans ce bar. J’avais trop bu et j’avais embrassé un loup, sans le savoir. Il n’avait pas vraiment apprécié et dans la bagarre, une de mes jambes avaient été complètement fracturé et mon rêve brisé. J’ai passé un long moment à l’hôpital pour ma rééducation.

Je boite toujours. C’est douloureux et je ne peux plus vraiment danser. J’ai mis beaucoup de temps à m’en remettre. Depuis les loups me font peur, je n’ai pas confiance. Mon père m’a offert cette libraire pour que je puisse m’épanouir et devenir autonome. Il me loue également un magnifique appartement. Malgré son absence, je ne pouvais pas dire qu’il ne s’occupait pas de moi. Et je le remerciais de me laisser vivre ma vie comme je le voulais. Il n’était pas au courant de mon homosexualité, mais ma mère l’avait remarqué et je savais qu’il se doutait quand même. Il ne voulait simplement pas en parler. J’ai repris ma vie en main et j’aime mon travail, j’aime les livres et je m’y sens bien.